Chemin de Stevenson : niveau de difficulté et conseils

Le Chemin de Stevenson (GR70) présente un niveau de difficulté modéré, accessible à la plupart des randonneurs ayant une condition physique correcte. Sur 252 à 272 km, ce sentier mythique demande surtout de l’endurance et une bonne préparation, mais ne comporte aucun passage technique dangereux. Voici ce qu’il faut savoir avant de se lancer :

• Dénivelé quotidien : environ 600 m de montée par jour
• Durée de marche : entre 4 et 8 heures selon les étapes
• Terrain : sentiers forestiers, pistes agricoles et chemins de moyenne montagne
• Accessibilité : adaptable à différents niveaux, du randonneur débutant motivé au marcheur confirmé

Nous vous guidons étape par étape pour comprendre les exigences réelles de cet itinéraire et vous préparer au mieux.

Quelle est la difficulté réelle du Chemin de Stevenson (GR70) ?

Le GR70 se situe entre les niveaux 1 et 2 de la cotation du Club Alpin Suisse, ce qui correspond à une randonnée en montagne sans difficulté technique particulière. Nous l’avons parcouru en famille et pouvons vous assurer qu’aucune expérience en alpinisme n’est requise.

Ce qui rend le chemin accessible :

• Un balisage rouge et blanc très régulier, presque impossible à perdre
• Des hébergements espacés tous les 13 à 26 km, permettant de dormir au chaud chaque soir
• La possibilité de faire transporter vos bagages, réduisant considérablement l’effort
• Des services de taxi ou de transport en commun à proximité en cas de besoin

Ce qui demande de la préparation :

• L’accumulation des journées de marche (12 à 14 jours) sollicite muscles et articulations
• Les montées peuvent être raides, surtout lors de la traversée du Mont Lozère
• L’altitude maximale atteint environ 1 700 m, avec des conditions météo changeantes
• Le poids du sac (même allégé) pèse sur les épaules et le dos après quelques jours

Nous recommandons un entraînement de 2 à 3 mois avant le départ, avec des sorties régulières de 3 à 5 heures en terrain varié. Cela fait toute la différence pour profiter pleinement du voyage plutôt que de le subir.

Dénivelés, distances et durée moyenne des étapes

Le tableau ci-dessous détaille les 12 étapes classiques entre Le Puy-en-Velay et Saint-Jean-du-Gard :

Étape	Itinéraire	Distance	Durée	Dénivelé + / –
1	Le Puy-en-Velay → Le Monastier	19 km	5h30	+550 m / -230 m
2	Le Monastier → Le Bouchet	23 km	6h30	+650 m / -350 m
3	Le Bouchet → Pradelles	20 km	6h30	+250 m / -315 m
4	Pradelles → Le Cheylard	21 km	6h30	+390 m / -420 m
5	Le Cheylard → La Bastide	19 km	6-8h	+320 m / -430 m
6	La Bastide → Chasseradès	13 km	4h	+350 m / -200 m
7	Chasseradès → Le Bleymard	18 km	5h30	+610 m / -690 m
8	Le Bleymard → Pont-de-Montvert	20 km	6h30	+820 m / -1015 m
9	Pont-de-Montvert → Florac	26 km	7h	+690 m / -940 m
10	Florac → Cassagnas	18 km	5h	+340 m / -180 m
11	Cassagnas → Saint-Étienne	22 km	6h	+350 m / -450 m
12	Saint-Étienne → Saint-Jean-du-Gard	15 km	5h	+480 m / -600 m

Nos observations terrain :

• L’étape 8 (traversée du Mont Lozère) cumule le plus de dénivelé avec 820 m de montée
• L’étape 9 est la plus longue avec 26 km, idéalement à fractionner si vous débutez
• L’étape 6 offre un répit bienvenu avec seulement 13 km, parfaite pour récupérer
• Les 5 premières étapes permettent une mise en jambes progressive avant les sections montagneuses

Vous pouvez facilement adapter ces étapes en ajoutant des nuits intermédiaires. Nous avons par exemple coupé l’étape 9 en deux lors de notre passage avec notre fils, en dormant dans un gîte non prévu initialement.

Le type de terrain et les sections les plus exigeantes

Le GR70 traverse principalement des sentiers forestiers (60 %), des chemins agricoles (25 %) et quelques portions de routes tranquilles (15 %). Le terrain varie selon les massifs traversés :

Plateaux volcaniques du Velay (étapes 1-3) :

• Chemins larges et bien entretenus
• Sol généralement stable, légèrement sableux
• Peu de dénivelé brutal, montées régulières

Montagne de la Margeride (étapes 4-7) :

• Sentiers plus étroits en forêt de pins
• Passages rocheux occasionnels nécessitant de bonnes chaussures
• Terrain parfois boueux après la pluie

Mont Lozère (étape 8) :

• Section la plus exigeante du parcours
• Terrain ouvert, caillouteux sur les crêtes
• Exposition au vent et aux intempéries
• Montée soutenue du col de la Pierre Plantée
• Nécessite une bonne météo et de partir tôt le matin

Cévennes (étapes 9-12) :

• Descentes parfois raides et glissantes sur schiste
• Sentiers en lacets dans la châtaigneraie
• Traversées de ruisseaux sur passerelles en bois
• Terrain plus technique en cas de pluie

Nous conseillons vivement l’utilisation de bâtons de marche, particulièrement dans les descentes cévenoles où le terrain schisteux devient très glissant. Ils nous ont évité plusieurs chutes et soulagent considérablement les genoux.

Le Chemin de Stevenson est-il accessible à tous les niveaux ?

Oui, à condition d’adapter le rythme et la logistique à vos capacités. Nous avons croisé des profils très variés sur le chemin : des enfants de 7 ans accompagnés d’un âne, des seniors de 75 ans marchant avec leur sac allégé, et même une personne en fauteuil tout-terrain sur certaines sections plates.

Pour les débutants :

• Commencez par un entraînement de 3 mois minimum (marches de 2-3h le week-end)
• Choisissez le printemps ou l’automne pour des températures clémentes
• Optez pour le transfert de bagages et ne gardez qu’un petit sac de 5-8 kg
• Prévoyez 14 à 16 jours au lieu de 12 pour des étapes plus courtes
• N’hésitez pas à sauter une étape en prenant un taxi si vous êtes fatigué

Pour les familles avec enfants :

• Faisable dès 6-7 ans avec un âne pour porter les affaires et motiver les enfants
• Fractionnez les longues étapes et prévoyez des pauses baignade ou jeux
• L’étape 6 (13 km seulement) est parfaite pour les plus jeunes
• Notre fils de 5 ans a adoré les passages près des troupeaux et la recherche des balises

Pour les seniors :

• Plusieurs marcheurs de 65-80 ans réussissent le GR70 chaque année
• Travaillez votre endurance cardiovasculaire avant le départ
• Limitez-vous à 18-20 km par jour maximum
• Utilisez des bâtons pour soulager articulations et équilibre
• Hydratez-vous très régulièrement (1,5 à 2 litres par jour minimum)

Pour les randonneurs confirmés :

• Vous pouvez envisager 10 jours au lieu de 12 en allongeant certaines étapes
• Portez votre sac complet (10-12 kg) pour plus d’autonomie
• Profitez-en pour bivouaquer dans le Parc National des Cévennes (autorisé de 19h à 9h)

Les principales difficultés rencontrées en fonction du profil du marcheur

Profil sédentaire ou première longue randonnée : Vos principales difficultés seront musculaires et articulaires. Les mollets, cuisses et genoux souffrent particulièrement les 4 premiers jours. Nous vous conseillons de ne pas dépasser 15 km les trois premières étapes, même si vous vous sentez en forme. Les courbatures apparaissent le lendemain et s’accumulent. Étirez-vous chaque soir pendant 15 minutes et massez vos jambes. Le poids du sac (même 8 kg) devient vite pénible : allégez au maximum en partageant les affaires communes si vous êtes plusieurs.

Profil sportif mais peu habitué à la marche longue : Attention aux ampoules et aux frottements, votre principal ennemi. Même avec de bonnes chaussures rodées, vos pieds ne sont pas habitués à 6 heures de marche quotidienne. Appliquez de la crème anti-frottements (type NOK) dès le premier jour sur les zones sensibles. Changez de chaussettes à la pause déjeuter. Nous avons appris cette leçon à nos dépens lors de notre première tentative : les ampoules gâchent tout le plaisir et peuvent vous obliger à abandonner.

Profil randonneur régulier : Votre défi sera mental et météorologique. Après 8-10 jours de marche, la lassitude peut s’installer, surtout si le temps se dégrade. La traversée du Mont Lozère peut être éprouvante par vent fort ou sous la pluie. Gardez toujours une veste imperméable et une polaire à portée de main dans votre sac. Nous avons vécu un orage violent au col de la Pierre Plantée : avoir le bon équipement et savoir renoncer temporairement fait partie de la randonnée responsable.

Difficultés communes à tous :

• La chaleur estivale (juillet-août) : températures dépassant parfois 30°C, partez avant 8h et faites une vraie pause entre 12h et 16h
• Les chiens de protection (patous) près des troupeaux : restez calme, tenez votre chien en laisse, contournez largement le troupeau
• La solitude de certaines sections : entre La Bastide et le Bleymard, vous pouvez marcher 3-4 heures sans croiser personne, ayez un téléphone chargé
• Le poids psychologique de la distance : 250 km semblent immenses au début, fractionnez mentalement en petits objectifs (3-4 jours à la fois)

Le Chemin de Stevenson reste un itinéraire généreux qui pardonne les erreurs de préparation. Avec des hébergements réguliers, un balisage impeccable et une communauté de marcheurs solidaires, vous trouverez toujours une solution en cas de difficulté. L’essentiel est d’écouter votre corps, d’accepter d’adapter votre rythme, et de vous laisser porter par la beauté des paysages cévenols qui défilent sous vos pas.